Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Kirsten, commerçante à Schaerbeek , qui a également été cofondatrice de Transkids Belgique, une association qui vient en aide aux enfants transgenres et à leurs parents.

L’ouverture de la société aux transidentités est un phénomène assez neuf. Rappelons d’emblée qu’avant la «Loi Geens» de 2017, les personnes qui souhaitaient mettre en accord officiellement leur genre avec leur identité devaient se soumettre à des procédures particulièrement cruelles, puisque rien ne leur était possible sans suivi psychiatrique ni stérilisation forcée. Des actes barbares uniquement justifiés par puritanisme mais qui, aux yeux de la loi, étaient alors considérés comme tout à fait normaux.

A cette époque, il existait peu de structures en Belgique dédiées à l’accueil des personnes transgenres, et aucune ne s’adressait spécifiquement aux enfants et à l’accompagnement particuliers que requièrent les familles ou le personnel enseignant. Face à ce constat, le 31 mars 2019, à l’occasion de la journée internationale de la visibilité trans, Kirsten co-fonde avec trois ami·e·s l’association Transkids Belgique.

Celle-ci poursuit alors un double objectif: d’une part, le soutien et l’information des enfants et de leurs parents, d’autre part, la sensibilisation et la formation du public et des professionnel·le·s de l’enfance.

«La première volonté de l’association était de pouvoir s’adresser directement aux enfants et aux adolescents trans ou en questionnement quant à leur identité de genre, afin de pouvoir leur livrer un discours avant tout empreint de bienveillance. Paradoxalement, il fallait aussi veiller à fournir un discours rassurant face à l’inquiétude des parents, confrontés à un phénomène souvent inconnu et qui soulève de nombreuses questions lorsqu’on ne le comprend pas». En effet, la méconnaissance de ce sujet peut conduire à des situations de maltraitance, d’exclusion, de discrimination pouvant mener parfois jusqu’au suicide. Pour Kirsten, «La transidentité n’induit pas de souffrance intrinsèque, c’est le plus souvent le regard et le rejet des autres qui l’induisent». L’association organise également des rencontres entre jeunes pour permettre à chacun·e de partager son expérience. «L’acceptation de sa transidentité est propre à chacun·e, pour certain, le changement de genre est très rapide, d’autres doivent passer par un long processus de déconstruction avant de pouvoir s’accepter». Pour Transkids, il est nécessaire dans un premier temps de rassurer les personnes afin de pouvoir accompagner les familles dans l’itinéraire de transition de leur enfant.

Si depuis 2017, notre pays n’est plus en bas du classement de la reconnaissance des adultes et adolescentes transgenres, tout n’est pas pour autant gagné et il existe encore des combats à mener, notamment concernant l’accès aux soins qui représentent un coût financier important mais qui s’avère nécessaire pour permettre aux personnes transgenres de pouvoir s’accepter. Kirsten porte cependant un regard optimiste sur la situation des personnes trans en Belgique : «On a découvert récemment dans notre pays qu’on pouvait être trans et ministre, et le plus réjouissant, c’est que c’était une non-information».

Aujourd’hui, Kirsten est toujours membre de Transkids Belgique mais n’y joue plus de rôle actif dans l’association et s’investit chaque jour dans différents projets liés aux droits des femmes et a la tête pleine de projets, dont celui, peut-être pas si fou, d’ouvrir un jour un cabaret féministe. Qui sait, peut-être à Schaerbeek?

Pour aller plus loin :

  • Dans le cadre du SAME FESTIVAL, Kirsten animera un atelier le 11 mars sur la transidentité et la transphobie

Si vous souhaitez plus d’information sur l’ASBL Transkids