Le  « Rôle modèle »  est une inspiration, quelqu’un qui trace une voie et vous montre la marche à suivre. Sans pour autant être une idole, le rôle modèle est cette personne qui – de par son action- ouvre des portes et vous permet d’évoluer en servant d’exemple. Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de l’un d’entre eux, le schaerbeekeois Chille Deman, co-fondateur de la Belgian Pride et pionnier du mouvement LGBTQIA+ en Belgique.

Avec plus de 100.000 participants en 2018, la Belgian Pride est sans conteste la manifestation la plus LGBTQI-friendly de Belgique et l’un des évènements majeurs de la capitale. Si au fil du temps, « la Pride » est devenue le rendez-vous incontournable du mois des fiertés, il n’en a pourtant pas toujours été ainsi.

La première Pride bruxelloise voit le jour en 1996, 3.500 personnes assistent alors à cet événement auquel prennent part une cinquantaine d’associations. Chille, l’un des co-fondateurs occupe la fonction de président de l’ASBL: « Dans les années 90, le milieu LGBT n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui, en tant que président de la Pride, j’avais pour rôle principal de permettre aux associations francophones et néerlandophones de dialoguer pour construire un projet commun ».

Le choix du premier nom est digne des plus beaux compromis à la belge et symbolise à lui seul la complexité pour les associations de faire front commun. L’événement s’appellera « La Belgian Lesbian and Gay Pride – Roze Zaterdag – Samedi Rose ». Concernant le lieu, si dans un premier temps, la jeune association envisage d’établir la pride dans plusieurs villes du pays comme Liège ou Charleroi, très vite, Bruxelles, région bilingue et siège des institutions fédérales s’impose à tous aujourd’hui comme ville hôte de la manifestation. « Au début, la parade démarrait à la Gare du nord pour se clôturer Place du Jeu de Balle, dans les Marolles. Le parcours n’était pas aussi central qu’aujourd’hui ; de Donnéa (le bourgmestre socialiste de Bruxelles à l’époque NDLR) ne nous permettant pas de passer par les grands boulevards, nous devions nous contenter des petites rues bruxelloises ou des boulevards déserts »

Les premières revendications politiques de La Pride concernèrent l’établissement d’une loi contre la discrimination et la reconnaissance des couples homos (on ne parlait pas encore de mariage à l’époque) . 25 ans plus tard, la plupart des revendications centrales du mouvement ont été rencontrées. Dès lors, quand on lui demande si la Pride a encore un sens aujourdhui, Chille répond : «Les femmes ont eu le droit de vote en 1948, il y a eu plein de lois depuis mais l’égalité entre hommes et les femmes est loin d’être acquise. Pour la cause LGBT, c’est la même la chose, les lois sont présentes, mais il y a toujours un gros travail à faire pour les mentalité. Par ailleurs, au delà du côté festif, la Pride est l’occasion pour de très nombreuses personnes de se dire « il est possible de s’aimer au grand jour,je peux être qui je suis, je ne suis pas seul.e »

Aujourd’hui, Chille s’est retiré de l’organisation de la Pride, cependant, il n’abandonne pas pour autant son militantisme : Il se consacre notamment à la rédaction de l’histoire du mouvement LGBTQ en Belgique, afin de pouvoir sortir un historique factuel .